À la suite des ravages de l'été 2022, le monde se prépare à des nouvelles vagues de chaleur, incluant des épisodes de sécheresse, de canicule et d'incendie toujours plus fréquents. En parallèle de ces défis, le phénomène climatique “El Niño” semble prêt à faire son apparition, avec le risque d'accentuer encore les températures internationales.
L'Organisation météorologique mondiale (OMM) évalue à 60% les chances de voir El Niño se manifester avant la fin de juillet, un pourcentage qui augmente à 80% d'ici la fin septembre. Toutefois, en dépit de l'attention médiatique accordée à ce sujet, les causes et effets d'El Niño restent largement méconnus. C'est pourquoi GlobeDreamers vous propose de vous initier aux mystères de cet évènement climatique d'envergure mondiale.

Un phénomène océanique et atmosphérique
El Niño est une manifestation climatique naturelle caractérisée par le réchauffement des eaux de surface dans les zones tropicales du Centre et de l’Est de l'Océan Pacifique. Cet événement alterne généralement avec son équivalent, La Niña, qui se manifeste par un refroidissement des eaux, entrecoupé de périodes neutres.
En d'autres termes, depuis leurs premières identifications par des pêcheurs péruviens au 19ème siècle, El Niño est associé à un courant océanique chaud sur les côtes, tandis que La Niña correspond à une baisse de la température de la surface de l'océan. Ces événements, intégrés au cycle naturel du climat, se produisent en moyenne tous les deux à sept ans avec une durée qui oscille entre neuf et douze mois.
Plus précisément, El Niño est un phénomène qui se déploie en deux étapes distinctes. La première implique des vents, connus sous le nom des "alizés", qui propulsent les eaux de surface plus chaudes vers l'Ouest, faisant ainsi remonter de l'eau froide des profondeurs. Cela donne lieu à un contraste où l'eau devient plus chaude du côté de l'Indonésie et plus froide du côté du Pérou. Dans la deuxième phase, nous assistons à une augmentation générale de la température de la surface de l'eau, qui entraîne à son tour une hausse de la température de l'air. C’est ce processus qui est reconnu sous le nom d’El Niño.
Des conséquences climatiques mondiales
En ce qui concerne ses effets, El Niño entraîne des conséquences majeures dans le monde entier en provoquant diverses perturbations climatiques, en plus d’une augmentation de la température globale. A titre d’exemple, il contribue à la formation d'ouragans dans le Centre et l'Est du Pacifique, tandis que son influence sur le réchauffement climatique induit des conditions de sécheresse à plusieurs endroits, dont en Méditerranée. Ces conditions favorisent également des feux de forêt mais sont aussi à l’origine d’une humidité accrue en Amérique du Sud, suscitant des inondations ainsi que des glissements de terrain.

De la même façon, El Niño détient des répercussions notables sur les écosystèmes océaniques. Habituellement, les eaux froides sont riches en nutriments, ce qui favorise l'abondance de planctons et de poissons. Mais, en l'absence de ces ressources nutritives, les récoltes des pêcheurs deviennent moins abondantes, notamment sur les côtes péruviennes.
En clair, l'élévation générale de la température de l'eau (qui se traduit par une hausse de la température atmosphérique), s'ajoute au réchauffement climatique, agissant comme un "radiateur" pour notre planète. Selon cette logique, le phénomène La Niña, que nous avons observé ces trois dernières années, joue le rôle d'un "climatiseur" à l'échelle planétaire. Cependant, il est important de souligner que les conséquences du réchauffement climatique ont récemment éclipsé les effets refroidissants de La Niña, faisant des huit dernières années les plus chaudes jamais enregistrées sur Terre.
La menace d’un avenir avec “super El Niño"
L''association du "radiateur" qu'est El Niño, la fin du phénomène La Niña et le dérèglement climatique général engendrent des conditions favorables à une montée des températures. Certains experts envisagent même une augmentation pouvant dépasser la barre des +1,5°C pour les prochains mois. Or, le phénomène El Niño entraîne habituellement une hausse moyenne de la température de 0,1 à 0,2°C, mais certains organismes météorologiques anticipent la possibilité d'un "super El Niño" pour 2023.
“Nous venons de connaître les huit années les plus chaudes jamais enregistrées, bien que l’épisode La Niña de ces trois dernières années ait freiné temporairement l’augmentation des températures mondiales. L’apparition d’un phénomène El Niño entraînera très probablement une nouvelle flambée des températures mondiales.“